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JOHANNA PRESTON

Jean-Philippe Rameau

1683-1764

Jusqu’à presqu’un siècle après la mort de René Descartes, l’influence du cartésianisme conduisait à un mouvement intellectuel de révolte et d’indépendence en France comme partie du classicisme. Souvent, des philosophes refusaient des théories déjà développées et produisaient leurs propres théories commençant par la base de la nature. Le rationalisme, s’accordant avec la fin du règne de Louis XIV, était une force forte dans cette société, et des personnes éclairées croyaient que tout pouvait s’expliquer par la raison. Pendant l’âge où on se servait du rationalisme pour justifier les sciences, Jean-Philippe Rameau, le compositeur principal en France du XVIIIe siècle, appliquait le rationalisme à la musique, mais il continuait à fonder ses principes avec la méthode cartésienne même après cette façon de penser diminuait. Il était rationaliste rigoureusement dans un temps où il y avait une transition de l’époque du classicisme à cela des encyclopédistes.
Descartes avait introduit la tradition de ne tenir aucun compte des croyances précédentes et de commencer par les aspects de la nature les plus fondamentals pour arriver à certaines conclusions. Son Discours de la méthode est une déclaration d’autonomie et d’intelligence avec une esprit rebelle. Des philosophes du classicisme mettaient en pratique le cartésianisme à presque tout. On développerait des modèles pour expliquer les lois naturels, et l’idée du mécanisme, de la cause et de l’effet, devenait la pensée universelle. Voltaire, qui deviendrait librettiste de plusieurs opéras de Rameau, croyait en Dieu comme horloger (Notes, le 23 avril 1999), ainsi qu’on pensait de l’univers comme horloge, qu’on pourrait être maître en apprenant les mécanismes (Kintzler 16). Des autres savants y compris Fontanelle suggéraient aussi la présence d’un ‘machiniste’ pour expliquer la nature:
Je me figure toujours que la nature est un grand spectacle, qui ressemble à celui de l’opéra. Du lieu où vous êtes à l’opéra, vous ne voyez pas le théâtre tout à fait comme il est : on a disposé les décorations et les machines pour faire de loin un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues et ces contrepoids qui font tous les mouvements. Il n’y a peut-être que quelque machiniste caché dans le parterre (Fontenelle 29).
Au même temps, des philosophes élaboraient beaucoup d’information, d’oeuvres d’art, et d’articles dans l’Encyclopédie pour créer une ‘gigantesque [oeuvre] capable de détruire les traditions, étouffant la foi, plantant sur le terrain neuf un rationalisme progressif et humanitaire’ (Leggewie 261). En fait, en prouvant des idées qui comptaient auparavant sur la confiance, ces philosophes avaient confiance que ‘l’homme peut et doit tout tenter, il ne lui faut que du temps pour tout savoir’ (262). Donc, des philosophes essayaient de démontrer ambitieusement les détails de l’univers. Un résultat de cet esprit cartésien était la création de l’Encyclopédie.
Du temps de Rameau, il y avait des cercles philosophiques et scientifiques pour discuter la nature et la rationaliser. Des intellectuels cherchaient ‘la vraie nature’ des choses et essayaient de découvrir les mécanismes cachés de ce qu’on ne pouvait que voir: il faudrait trouver l’essentiel. Les femmes savantes y contribuaient aussi ‘dans les salons,..[où elles] ne se laissent faire la cour que par des galants en état de les entretenir de mécanique et de géométrie’ (Kintzler 17), et elles soutenaient le rationalisme aussi. Une admiratrice des théories de Rameau était Thérèse des Hayes, La Marquise de la Pouplinière (Sadler 223).
Rameau ne développait ses théories que pendant la seconde moitié de sa vie. Son premier livre, intitulé Traité de l’harmonie, était publié quand il avait 38 ans. Il venait de déménager à Paris et était inconnu jusqu’à l’apparence de ce traité de 450 pages. Il obtenait une réputation formidable comme théoriste musicale, et sa renommé augmentait avec les publications postérieures du Nouveau Système de musique théorique et de la Dissertation sur les différentes méthodes d’accompagnement pour le clavecin, ou pour l’orgue en 1726 et en 1732 (Wolf IX).
À la publication de chaque livre, Rameau dépendait de plus en plus à la rationalité. Lorsqu’il a publié son Traité, beaucoup de la justification de ses théories concernant des intervalles, des cordes, et des suites d’accords se sont fondés sur l’expérience et son goût acoustique, et il tirait des opérations mathématiques de Pythagore (Chandler 113). En fait, une grande portion du texte était des calculations’il appliquait l’esprit géométrique de Fontanelle à la musique pour essayer de l’unifier mathématiquement comme science (114). Après ayant souffert de criticisme pour son emploi de l’empiricisme, il faisait preuve scientifique dans le Nouveau Système de sa théorie déjà établie de l’harmonie. En délire de sa découverte naturelle soutenant sa théorie, il écrit:
There is actually in us a germ of harmony which apparently until now has not been perceived, nevertheless, is easily perceived in a string, in a pipe, etc., in which the resonance produces three different sounds at once; ‘no longer do I doubt for a moment that this is the true principle of the fundamental base (53),
la fondation de l’harmonie. Rameau se sert de cette découverte à formuler son principe du corps sonore:
Le corps sonore, générateur et ordonnateur de toute la musique, cette cause immédiate de tous ses effets, ne résonne pas plutôt qu’il engendre en même temps toutes les proportions continues, d’où naissent l’harmonie, la mélodie, les modes, les genres, et jusqu’aux moindres règles nécessaires à la pratique (Rameau 70).
L’essence du corps sonore, c’est que la corde entière d’un instrument musical, en plus de les divisions de la corde, vibrent au même temps, et on peut entendre les deux (Chandler 54). Donc, il a trouvé un phénomène naturel en accord avec sa théorie.
Au milieu de sa carrière, Rameau jouissait un rapport favorable avec l’Académie des Sciences. Il a dédié son oeuvre Génération harmonique aux membres de l’Académie, et en réponse, l’Académie a commandé à trois de ses plus grands académiciens, R.-A. Ferchault de Réaumur, J.-J. Dortous de Mairan, and E. S. de Gamaches, d’en écrire une critique (Sadler 225). Bernard Le Bovier de Fontanelle, l’éminent secrétaire, a signé un commentaire élogieux de la même façon de l’Académie que Rameau a incluré dans son traité. Rameau a écrit le Mémoire où on expose les fondements d’un système de musique théorique et pratique en 1749. L’Académie des Sciences louait encore exceptionnellement son oeuvre. L’encyclopédiste et mathématician d’Alembert le soutenait aussi avec enthousiasme. Rameau absorbait ce prestige et étendait sa théorie au niveau au-dessus dans la Démonstration du principe de l’harmonie en 1750 (226).
Cependant, cet oeuvre ne recevait pas tel accueil. Rameau avait approfondi son rationalisme’il avait introduit d’abord des hypothèses ingénieux, mais après il commençait à déclarer que ses théories étaient des vérités éternelles et démonstratives. Il devenait figure exemplaire du rationalisme ainsi que l’homme rationaliste veut trouver des vérités universelles qui se tiennent toujours. Rameau osait dire qu’il avait réalisé ce but, mais des philosophes n’acceptaient pas sa prétention entièrement. Peut-être qu’il y avait beacoup de jalousie parmi les intellectuels qui enviaient sa renommée. Il est possible aussi que sa théorie ne fusse pas solide. En tout cas, plusieurs d’entre eux n’aimaient pas son choix du mot ‘démonstration.’ Ils auraient préférés le titre ‘Discours de la méthode musicale’ (Kintzler 38). Sur une période d’une année, sa réputation s’affaiblait progressivement. Même d’Alembert lui doubtait partiellement.
Quoiqu’on puisse dire facilement que l’orgueil et l’arrogance de Rameau avait fini par le ratrapper, la situation est plus complexe. Pendant la première moitié du XVIIIe siècle la technique cartésienne était très à la mode. Des philosophes et scientifiques essayeraient de ‘[faire] table rase du passé intellectuel pour construire [leurs philosophies]’ (Leggewie 107). Mais à partir de 1750 le rationalisme pur n’était plus populaire. Les idées de Descartes était remplacées par celles de Newton et de Locke (Kintzler 36). Beaucoup de savants, les encyclopédistes en particulier, critiquaient des théoristes qui fermaient les yeux sur le changement:
Where Rameau had been praised as a true philosophe before 1750 because he shared with Diderot and d’Alembert the desire to apply science and reason to the arts, after that time he was highly criticized for being a false philosophe because he continued to use certain tenets of Cartesian methodology. The irony of the matter, however, is that Diderot and d’Alembert were both still quite Cartesian in certain aspects of their methodology, despite their avowed Lockean epistemology. They, like Rameau, insisted upon the necessity of a simple and unique principle upon which to base facts, the complete interdependence of physical events, and the necessity and simplicity of natural law (Chandler 114-115).


Cette transformation dans l’opinion publique de la méthode scientifique est même plus ironique quand on considère que Rameau a collaboré avec Denis Diderot à écrire la Démonstration. (Rameau savait que sa grammaire était très désorganisée, donc il a persuadé Diderot à clarifier ses phrases, le faisant un de ses oeuvres les plus élégants) (Sadler 231). En dépit de l’aide de Diderot, Rameau a perdu une partie de sa réputation.

En outre, jusqu’à la Démonstration, Rameau n’avait tenté que de prouver les principes fondamentals de la musique en se servant de la géométrie et des sciences. Dans ce livre il dépassait les bornes normales philosophiques parce qu’il appliquait la musique à d’autres sciences; il prouvait les mathématiques avec la musique. Il croyait fermement que la musique était la science fondamentale de la nature parce qu’elle est la seule qui tire son essence des proportions (des cordes) (Kintzler 41). Des scientifiques n’acceptaient pas que la géométrie n’était que le corps sonore, que les mathématiques devaient se soumettre à un modèle scientifique. Il avait engagé une polémique qui ne pouvait pas se résoudre.

Mais il y a une autre possibilité qui peut éclaircir davantage pourquoi les encyclopédistes diminuaient leurs louanges de Rameau. Il semble qu’on lui a demandé d’écrire un article de la théorie musicale pour l’Encyclopédie en 1752. Rameau a refusé l’offre à cause d’un manque de temps. Quand l’Encyclopédie était publiée, il a critiqué J.-J. Rousseau, l’auteur de cette section (Sadler 236). Donc, il a obtenu l’ire de plusieurs de ses contemporains.

Rameau était déçu par la critique sévère philosophique. Pour redresser son image, il correspondait avec des scientifiques célèbres comme Leonhard Euler, Gabriel Cramer, Christian Wolff, Giovanni Poleni, J. B. Beccari, Padre Martini, Johann II Bernoulli, Charles Batteux, et Charles-Étienne Briseux (235-236). Son ambition d’être connu comme intellectuel était plus important que son désir de composer des grands opéras. Il a écrit à Diderot et à d’Alembert en 1757: ‘Can it not be clearly seen that in honoring me with the titles ‘artiste célèbre’ and ‘musicien’ you wish to rob me of the one [i.e., ‘philosophe’] which I alone among musicians deserve, since I was the first to have made music a science by the discovery of its natural principle’’ (238). Après 1752, en se rendant compte de sa vieillesse et en pensant que ses écritures théoriques duraient les plus longues de ses contributions, il composait moins de musique pour publier 23 opuscules et livres, y compris les Observations sur notre instinct pour la musique, la Code de musique pratique, et les Vérités également ignorés et interresantes tirées du sein de la nature.
Malheureusement, son opposition l’a empêché d’être élu à l’Académie Royale des Sciences (234).
Comme ‘artiste philosophe,’ Rameau exerçait sa passion du rationalisme pendant toute sa vie, mais il continuait à développer ses théories, ses raisons, dans la méthode cartésienne, lorsque l’époque du classicisme déclinait. Le sommet du rationalisme avait lieu au XVIIe siècle. Donc, pendant que Rameau se servait d’un style démodé dans le XVIIIe siècle, ses idées de l’importance naturelle de la musique étaient en avance sur le temps. Son adhésion à la raison le séparait des autres philosophes bien qu’il fusse le théoriste de musique le plus célèbre de son temps. Jusqu’à la fin, il était persuadé que ‘le savoir absolu est déposé et incarné dans la musique’ (Kintzler 36).
BIBLIOGRAPHIE

Chandler, B. Glenn. Rameau’s ‘Nouveau Système de Musique Théorique’: An Annotated Translation With Commentary, doctoral dissertation. Indiana University: 1975, pp.53-4, 113-5.

Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes (Verviers, Gérard et C°, 1973, p.29).

Kintzler, Catherine. Jean-Philippe Rameau: Splendeur et naufrage de l’esthétique du plaisir à l’âge classique. Paris: Le Sycamore, 1983, pp.16-17, 36, 38, 41.

Leggewie, Robert, ed. Anthologie de la littérature française, troisième édition, tome I. New York: Oxford University Press, 1990, pp.107, 261-2.

Wolf, R. Peter. Les Paladins: Comédie Lyrique Par Jean-Philippe Rameau; Sadler, Graham,

Jean-Philippe Rameau, Rationaliste au XVIIIe Siècle

Johanna Preston - FR 326K - Marie-France Davern - April 30, 1999