Quartetti per archi op. 19 (in do maggiore) e op. 26 (in re minore)

«Si segnalano [...] più degli altri, due lavori per il più nobile degli organici classici, il quartetto d'archi: il "Primo Quartetto in do maggiore" op.19, composto nel 1880-82 e pubblicato nel 1886, e il "Secondo Quartetto in re minore" op. 26, stampato nel 1889 da Breitkopf & Hartel ma iniziato ben tre anni prima. La sua composizione costò a Busoni molta fatica, come l'autore ricordò in una lettera alla moglie del 1905 in cui commentava i diversi stadi per cui era dovuto passare prima della definitiva "emancipazione ":

"L'epoca del 'Secondo Quartetto' è stata terribile. Il primo tempo è rimasto incompiuto per più di un anno e non avevo né il coraggio, né l'ispirazione per continuare... Il compito era troppo grande per me; solo l'anno dopo m'ero maturato un po' e lo potei portare a termine, con un grande sforzo di volontà ."

Questo lavoro, accanto a qualche tratto più personale, mostra influssi evidenti di modelli quali Beethoven e soprattutto Brahms, influssi che dovettero apparire fin troppo scoperti allo stesso Busoni, come indirettamente risulta anche dalla lucida autocritica sopra riportata. E' curioso ricordare che Ciajkovskij, presente alla prima esecuzione del Quartetto (a Lipsia il 28 gennaio 1888, da parte del complesso di Henri Petri, cui l'opera è dedicata), lo giudicò invece "straordinariamente originale dal punto di vista ritmico e armonico", ma troppo "tedesco", e provò rincrescimento per il fatto che un artista italiano così dotato rinunciasse programmaticamente ai tesori della melodia, propri della sua razza: contraddizione in realtà solo apparente, se si tien conto su quali basi si era venuta compiendo la formazione musicale di Busoni fino a quel momento. [SABLICH, p. 150]

 

«On pourrait supposer que l'opus 19, avec ses quatre mouvements classiques intériorisés, à la structure traditionnelle, est indéniablement proche des débuts du romantisme allemand. Et pourtant, un an auparavant, dans la "Suite symphonique" op.25 (!) Busoni «coquète» déjà avec le monde du baroque - qu'il avait d'ailleurs exploré précédemment, dans ses "Préludes op.37" (!). Ce que le premier quatuor officiel révèle en tout cas, c'est la maîtrise souveraine de moyens limités, la sûreté au niveau de la forme et du style, qui s'incarnent dans un ensemble à l'équilibre effectivement classique.
On a peine à croire que trois années entières séparent ce quatuor à cordes du suivant: en effet, Busoni se permet ici quelques audaces linéaires et verticales, qui, à vrai dire, ne sont «pas encore» à l'ordre du jour. Les extravagances rythmiques des 350 mesures du premier mouvement témoignent déjà de l'impatience du jeune compositeur à franchir certaines lignes de démarcation. Il est étonnant de voir combien de figures il arrive à caser entre deux barres de mesure à 6/4. De même, l'Andante con moto, où quelques figures de trialets percent, rompant ainsi l'uniformité du rythme, se distingue par sa complexité. Le Scherzo violent, qui contraste avec le menuet aux allures de songe d'une nuit d'été du quatuor précédent, se situe quelque part entre Beethoven et Bruckner - ou faut-il voir dans ce mouvement l'expression de ce que Busoni écrivait en 1922 à propos de l'harmonie ["Über die Harmonik"]? "Il existe trois façons d'être dans le néo-expressionnisme: l'harmonie, l'hystérie et les gestes du tempérament... L' hystérie a recours à des formules, courtes et indépendantes les unes des autres, de soupirs, d'attaques, de répétitions volontaires d'une ou de plusieurs notes, d'évanouissement du son, de notes les plus hautes dans l'aigu et les plus basses dans le grave, de respirations et d'accumulation de rythmes différents dans une même mesure: moyens d'expression tous utilisables, à condition qu'on leur assigne leur place à l'intérieur d'une construction.
Dans l'opus 26, comme dans l'opus 19, Ferruccio Busoni fait précéder l'Allegro final d'une introduction plus lente. La suite révèle que le jeune compositeur a compris les exigences particulières du quatuor à cordes et imprimé à ce genre son cachet propre. Une nouvelle étape de l'arpentage est franchie, il a repéré une parcelle du terrain qui lui avait été donné à cultiver. Il est assez singulier que notre connaissance de Busoni à l'époque de sa maturité ne nous permette pas de déduire automatiquement l'âge des deux oeuvres jumelles. La clé se trouve peut-être dans une autre référence à Anatole France, qui pensait qu'une partie de rami même si elle s'était déroulée il y a des millions d'années, sera pour nous actuelle, dès lors que nous aurons l'impression aussi forte que possible qu'elle n'est pas pour nous quelque chose du passé, mais bien du présent, et que l'ordre de succession dans lequel les choses roulent dans les abîmes de l'univers nous est inconnu. Ferruccio Busoni est décédé depuis 71 ans maintenant - et il reste plus que jamais d'actualité.» [Eckhardt van den Hoogen - Booklet CPO 999 264 - 2]
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