Dans le «Concerto pour violon» eu Ré majeur, op. 35a de Ferruccio Busoni [...] le génial Italien, qui, à un niveau de culture très élevé, s'imprègne de tradition allemande, l'honore et la questionne comme au travers d'un miroir, développe, vingt ans plus tard que Bruch, une tout autre esthétique, et cela en-deçà de toute musique à programme ancrée dans la poésie romantique. Il s'agit pour lui, avant tout, d'un jeu, d'un jeu brillant avec la tradition. Lui reprocher d'être un épigone, eu égard à cette œuvre-là, est particulièrement peu fondé, car c'est intentionnellement qu'il se réfère à la tradition et se pose cette question: que signifie pour nous, à la fin d'une époque, la forme classique du concerto pour violon? Tout est allusif, y compris les rapports entre les citations. Une stricte et classique structure en trois mouvements est revêtue d'un habit en un mouvement et semble se donner des allures de rhapsodie, comme chez Bruch. Les mouvements deviennent des phases. Ainsi, dans la grande forme, les choses sont claires: le concerto, en son entier, a une vie sciemment basée sur la tradition. Il y a là des allusions explicites: aux concertos pour violon de Beethoven et Brahms. C'est un peu comme si l'on repensait ces monuments avec beaucoup de respect, mais aussi, parfois, avec une capricieuse ironie. Ce qu'on en conclut, c'est qu'on ne peut les recréer. Et qu'il ne faut pas y songer.
L'œuvre offre une foule de bizarreries en filigrane et n'est de ce fait pas orthodoxe, sans être pour autant d'une nouveauté provocante. Sa grandeur repose sur la richesse des relations, et par là-même sur ses vertus intérieures, sous une surface paradoxalement brillante. Ce qui est ici remarquable ne peut être trouvé que dans des détails, ce qui a contribué à rendre ce concerto impopulaire. C'est en fait l'œuvre d'un grand pianiste écrite pour un ami, le violoniste Petri; le violon était à même, toutefois, d'exploiter toute sa maîtrise composition nelle. Et cela non au premier degré, mais à un haut niveau de réflexion: les traits virtuoses n'existent pas que pour eux-mêmes, mais exercent une pensée musicale à leur propre endroit et à l'égard de leurs moyens traditionnels. On doit se garder d'écouter Busoni de façon unidimensionnelle, malgré toute la réalité sensuelle de sa musique. Dans la première phase du concerto, un moment dramatique, d'une haute intensité, est relayé par une marche pathétique, qui unit les solos, en contraste avec les passages de tutti, et un troisième groupe thématique ironise en revenant "scherzando" au thème principal du début. En outre, Busoni engage de façon périlleuse tout l'arsenal virtuose de l'instrument. Le mouvement médian est, lui, d'une simplicité bien maîtrisée. Il scinde le matériau thématique, ce qui permet d'aboutir à un dialogue admirablement nuancé entre le violon solo, les tutti de cordes et les registres des vents. Stupéfiantes sont les transitions: pas de cadence typique, mais une cadence qui sourd du lyrisme du mouvement lent et débouche sur un Rondo-Finale d'un étrange humour. Fidée principale semble être trop résolument survoltée pour être prise au sérieux: rien, dans ce dernier tour de danse, n'est ce qu'il est. Et c'est en cela que réside la qualité délicate de ce chef-d'œuvre d'un tournant de siècle. 
[Texte du booklet par Georg-Albrecht Eckle, traduit par Pierre Gorjat; texte en allemand et en anglais dans le booklet.]

Auf diesem Album CLAVES:
+ Bruch:Violinkonzert Nr.2 + R. Strauss:Violinkonzert op.8 Ingolf Turban, Bamberger Symphoniker, Lior Shambadal

Kritik:
W. Wendel in Stereoplay 3/94: «Der wie aus einem Guß wirkende Gesamteindruck resultiert nicht zuletzt aus einer vernünftigen Aufnahmetechnik. Die Balance zwischen Solist und Orchester darf als ausgezeichnet gelten. Keine Spotlight-Übertreibung, kein Zudecken; dafür «unauffällige Normalität». TOP





Konzertstück for Piano & Orchestra in D major , op.31a

Divertimento For Flute & Orchestra, op.52

Rondò Arlecchinesco for Orchestra with Tenor, op.46

Concertino for Clarinet & Small Orchestra, op.48

Berlin Symphony Orchestra · conducted by C.A. Bunte

2 discs [70'35" + 70'25"]
budget-pric

The Italian composer, conductor and virtuoso pianist Ferruccio Busoni (left) worked mainly in Berlin. He was Sibelius' piano teacher and his most advanced compositions influenced the likes of Webern, Bartok and Messiaen. The works featured here were totally unfamiliar to me. They are all concertante works and the most substantial of which is the Konzertstück. It can easily pass off as a piano concerto by Lizst, so similar are they in freedom of form and difficult keyboard passages.

You are unlikely ever to hear the Rondò Arlecchinesco being performed 'live' because it requires a tenor soloist just before the end. It would be difficult to get a tenor for about one minute’s work intoning a few simple notes for a concert performance. The other two works featuring flute and clarinet soloists respectively ought to be better known as they are attractive and there are not many such pieces in the repertoire of these instruments. TOP


DUE SUITES INEDITE
DI FERRUCCIO BUSONI