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FLORIA TOSCA

 

Floria Tosca, cantatrice adulée, est une Femme-objet: elle chante, elle prie, elle aime. Femme-objet, elle va devenir sujet de l'Histoire en tuant le symbole et l'instrument de l'oppression totalitaire et étrangère. Après avoir vainement cherché dans la corruption le moyen de détourner ce qu'elle sait irrépressible, le couteau aperçu lui fournit l'issue: tuer pour ne pas céder à son propre désir. Tuant Scarpia, elle met en cause sa vie, sa liberté, la vie et la liberté de Mario tant il lui est essentiel de supprimer l'objet de son désir. Elle qualifie très justement son geste de baiser: baiser de mort où désir et mort sont liés, connotation particulière dans l'opéra italien à Puccini et dont «Turandot» sera un autre écho. Elle se 'décharge'" ensuite de la violence de son désir par la violence du réalisme et, pour l'avoir tentée, elle le condamne à l'enfer. La mort de Scarpia est expiation permettant à Tosca de s'absoudre elle-même.
C'est sur un cadavre dont elle se lave symboliquement les mains qu'elle prend ce qu'elle croit la liberté retrouvée, liberté de Mario et liberté de sa propre passion. [...] Ainsi la Femme-objet devient, pour ne pas céder à son propre désir, justicière inconsciente de tout un peuple.
Bernard BOVIER-LAPIERRE, «Tosca: subversion lyrique?», in L'Avant-Scène Opéra nº 11, settembre-ottobre 1977, p. 93-94, non ripubblicato nella ristampa del 1993.
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