RIASSUNTO DELL'EDIZIONE BAREMBOIM


1er tableau

Un après-midi d'été. Au milieu des tentes du Tiergarten de Berlin. Un orchestre joue la marche des Hébreux tirée du «Moisè» de Rossini. Dans l'opéra, cette marche retentit au moment où les juifs gagnent le désert. Pour le conseiller commercial Melchior Voswinkel, c'est aussi la traversée du désert: aucun de ses cigares ne veut prendre. Son ange salvateur apparaît en la personne du peintre Edmund Lehsen, qui se porte généreusement à son secours. Albertine, la fille du conseiller, revient d'une promenade. C'est le coup de foudre: le monde suspend son cours autour des deux jeunes gens. Edmund accompagne les Voswinkel sur le chemin du retour. Un mystérieux personnage surgit d'entre les tentes. C'est un revenant du temps jadis: l'orfèvre Leonhard Thurneisser, réputé pour sa charlatanerie «J'aime cet Edmund» dit-il d'un air songeur. Leonhard va user de son pouvoir magique afin de prendre en main le destin du jeune peintre.

2e tableau

La nuit tombe. Le beffroi sonne onze heures. Tout se métamorphose. Les maisons quittent leurs fondations et filent à travers les ruelles. Au milieu de cette confusion, un homme. «Comment ai-je pu prendre un tel retard?» Thusman, secrétaire privé de chancellerie, très à cheval sur les principes, n'y comprend plus rien. «Jamais je n'aurai passé la porte de chez moi au onzième coup de l'horloge, comme à l'accoutumée! Soudain se campe devant lui l'«homme étrange» apparu précédemment. Il dit être venu «voir la fiancée» en cette nuit de l'équinoxe d'automne. La voici qui apparaît en effet à l'horloge de l'hôtel de ville, au onzième coup. Thusman reconnaît, dans une tenue assez incongrue, la jeune fille qu'il s'est précisément choisie pour épouse: Albertine. Il se croit devenu fou. Leonhard quitte les lieux en l'entraînant avec lui.

3e tableau

Une taverne. Assis à une table, le juif Manasse, plusieurs fois centenaire, est plongé dans les souvenirs de sa longue existence. Entre Leonhard, flanqué du secrétaire privé de chancellerie. Leonhard reconnaît Manasse. «Voici des années que je ne vous ai vu! Comment vous portez-vous?» Thusman ne se sent pas en très bonne compagnie. A juste titre il goûte au «meilleur vin». Manasse et Leonhard sont de vieilles connaissances. Ils incarnent les principes opposés du bien et du mal, et s'affrontent depuis des siècles. En racontant quelle a été, en 1570 à Kolln-sur-la-Spree, l'effroyable histoire de «Lippold, le monnayeur juif», Leonhard dévoile de quoi Manasse est capable. «Le monnayeur juif fut accusé de haute forfaiture, de la dernière des filouteries... Un livre de sorcellerie lui servait à commettre ses forfaits .. Sa femme, courroucée, décida de tout révéler... Lippold fut exécuté sur la place du marché: on le brûla, lui et son livre. On vit alors un rat s'échapper du brasier.. Et ce rat, on l'affirme, serait encore vivant.» Mais Thusman, déjà quelque peu éméché, ne s'intéresse qu'à une chose: «La belle qui s'est montrée à la fenêtre, était-ce bien elle? La chère demoiselle Albertine Voswinkel?» Il avoue son intention de «convoler en justes noces», de «dire oui pour la vie» à cette même demoiselle dont il a demandé la main suivant les conseils d'un esprit éclairé, le célèbre Thomasius. A ces mots, la sorcellerie resurgit dans le monde ordonné du Berlin des Lumières Au visage de Leonhard pousse un véritable museau de renard. Tout émoustillé par cette petite plaisanterie, Manasse se met à transformer un «radis» en ducats d'or. Leonhard lui donne la réplique. Il réduit les pièces en une pluie d'étincelles et de feu. Fier d'avoir pris le dessus, il éclate de rire. Thusman, les cheveux dressés sur la tête, les yeux presque exortités, prend la fuite.

4e tableau

Mais la nuit dans laquelle il court, affolé, est ensorcelée. Au cours d'une valse tourbillonnante et fantomatique, un film montre à quelles terribles créatures il se heurte. Ses déboires ne s'arrêtent pas là: en arrivant chez sa dulcinée, il la trouve tendrement enlacée avec Edmund, le peintre. Furieux d'être ainsi dérangé, le jeune homme barbouille de son pinceau le visage de l'intrus. Voswinkel arrive au beau milieu de ce combat de coq. «En voilà un teint!» s'étonne-t-il: Thusman a la figure verte. Le père confirme à sa fille qu'il a bel et bien promis sa main au secrétaire, comme le dit celui-ci. Hors de lui, Edmund tente de s'en prendre au conseiller. On voit apparaître au mur Leonhard. Il empêche son protégé de commettre cet acte irréfléchi Survient Manasse, accompagné de son neveu Bensch qui souhaite ardemment prendre Albertine pour épouse, et cherche à l'embrasser sur-le-champ à I'indignation générale. Albertine le fuit. Bensch la poursuit à travers toute la pièce. Leonhard sauve la situation. Il frappe trois fois dans ses mains: projetés en l'air, les deux prétendants se mettent à voltiger de haut en bas. Manasse invente un tour de magie qui doit permettre à Voswinkel d'attrapper Leonhard. Mais c'est lui-même, Manasse, qu'attrappe Voswinkel. Pris dans le champ magique, tous deux se mettent alors à danser comme des fous. La danse s'interrompt tout à coup. Manasse maudit Voswinkel. Leonhard promet aux amoureux, Edmund et Albertine, un heureux avenir.

5e tableau

Thusman est accablé d'avoir la figure verte. Rien à faire: la peinture ne s'en va pas. Venu au Tiergarten retrouver ses pareils, les batraciens, il veut se jeter de désespoir dans le frai de grenouille pour y faire le plus vert des cadavres. Il jette d'abord son livre-fétiche dont il ne se sépare jamais, le «Petit Traité de Circonspection» de Thomasius. «Et toi, cher auteur, va enseigner tes préceptes aux batraciens!» Lui-même s'élance à pas comptés. Surgit Leonhard, qui retient le désespéré et le prend en pitié: en un tour de passe-passe, il efface de son visage toute trace de peinture. Le magicien pose cependant une condition: Thusman devra enfin résister au démon de midi, sous peine d'être transformé «en la plus verte des grenouilles» qui pourra «coasser tout à loisir, même une fois le rideau tombé».

6e tableau

Voswinkel a fait venir chez lui les trois prétendants. À la manière du «Marchand de Venise», il leur propose de choisir entre trois coffrets. Il mène ces messieurs dans la pièce voisine. Albertine fait irruption, décontenancée. Elle se désespère: «Le bonheur de ma vie livré au hasard? Mon père, ce pleutre, abandonne à une loterie le soin de se prononcer à sa place sur ma destinée!» Mais elle plonge subitement dans un état de rêverie. L'énigmatique orfèvre lui fait apparaître la vision d'Edmund peignant une fresque dans une église italienne. «Si tu aimes vraiment ce jeune homme, regarde! Voici son avenir!... Ne cherche point à entraver son élan si le génie le contraint à s'éloigner de toi...» lui suggère-t-il en s'adressant à son subconscient. C'est à Thusman de choisir le premier. Il découvre avec consternation quel est son lot: un livre aux pages blanches. Ce n'en est pas moins un trésor, car il va se transformer en le livre de son choix. C'est au tour du baron Bensch Lui aussi reçoit un livre - ce qui le met dans une rage folle. Manasse reconnaît l'ouvrage: le grimoire du monnayeur juif Lippold. Il veut le récupérer. Une rixe éclate. Edmund, dernier du trio, est l'heureux gagnant. Le couple se jure de s'«aimer pour toujours». Leonhard en décide autrement: avec autorité, il ordonne à Edmund de partir pour Rome, et le mène vers la sortie. Albertine reste seule.
Traduction: Virginie Bauzou