ULRICH MOSCH

PROJET DE BALLET D'APRÈS DES ŒUVRES
DE JEAN-BAPTISTE LULLY
PAR GIAN FRANCESCO MALIPIERO
ET HENRY PRUNIÈRES - 1918

CANTO D'AMORE

Modernité et classicisme dans la musique
et les beaux-arts entre 1914 et 1935
,
catalogo della mostra
Kunstmuseum Basel1996,
p. 206


En avril 1917, alors que Picasso et Stravinski effectuaient leur voyage en Italie qui devait se révéler si important pour la suite de leur carrière, un succès retentissant accueillit la création du ballet Les Femmes de bonne humeur, d'après un argument de Goldoni sur une musique de Domenico Scarlatti, réalisée et orchestrée par Vincenzo Tommasini, par les Ballets russes de Diaghilev en tournée à Rome. Un document peu connu, attestant d'un projet de collaboration assez avancé entre Gian Francesco Malipiero et Henry Prunières, confirme que l'illustre imprésario n'était pas seul à imaginer de futurs ballets conçus d'après un tel modèle - ce qui devait aboutir en 1919 à la fameuse commande passée à Stravinski et Picasso de Pulcinella d'après Pergolèse - mais que nombreux étaient les créateurs à œuvrer dans une vole analogue.
Dès 1918, en effet, Malipiero et Prunières envisagèrent de proposer à Diaghilev un ballet d'après la musique de différents ouvrages de Jean-Baptiste Lully (projet dont les brouillons proviennent des archives de Malipiero), entre autres les opéras Atys (1676), Persée (1682) et Acis et Galatée (1686) et la comédie-ballet La Grotte de Versailles (1668). On ignore encore à ce jour si Diaghilev eut vent de ce projet, et, le cas échéant, les raisons de son inaboutissement.
Les transcriptions dont on a reproduit ici un extrait ont été réalisées de la main même de Henry Prunières; elles témoignent d'un stade de réalisation encore assez embryonnaire. Parmi des notes renvoyant aux sources de l'édition des ceuvres de Lully dans la série Chefs-d'œuvre classiques de l'opéra français, figurent des observations sur d'éventuelles transpositions à réaliser en vue d'une adaptation au sein d'un contexte harmonique approprie.
Jean-Baptiste Lully, Persée, 1682, fragments copiés par Henry Prunières avec esquisses de Gian Francesco Malipiero pour un projet d'arrangement de danses tirées d'œuvres de Lully pour les Ballets russes de Serge Diaghilev, 1918, n'XII 5, pp. [1] et [2]. Venise, Fondazione Giorgio Cini.